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Ly Pisith

(en français)

Un designer cambodgien qui monte … au Jardin des désirs

Sa renommée grimpe et parvient même à dépasser les frontières de la bijouterie recherchée dans la grande région du Sud-Est asiatique. « Silver » et pierres semi-précieuses. Sa boutique à SIEM REAP, à deux pas du temple d’ANGKOR, cache une histoire qui aurait pu être romanesque si elle n'avait pas la couleur des victimes khmères. Revenu de France après avoir été chassé tout jeune orphelin par les terribles khmers génocidaires. Il s’est construit patiemment contre les affres de la peur, contre l’innocence des victimes, contre les reliefs d’un pays traversé à pied, et en 1979, contre le bruit des balles et des mines pour fuir vers la liberté. Il est revenu au pays façonner sa vie et ciseler son œuvre si longtemps préparée loin du pays, à force de travailler avec ses mains et son intelligence silencieuse.
 
LY Pisith avait commencé sa vie avant l’âge de dix ans lorsque sa famille fut blackboulée dans l’exode de la capitale cambodgienne. En quelques jours, en effet, il se retrouvait seul et se faisait au fil du temps un cœur fort et faible, un regard proche et lointain et même un sourire de survivant, perdu, hébergé, caché et décidé. Décidé à partir et à franchir les frontières à pied, seul, adulte avant l'âge. Un camp de réfugié. Puis Paris à 14 ans.
 
Cherchant à fuir encore tout ce qu’il ne comprend pas, Piseth devenu Pisith, décide alors d’avancer sur son propre chemin au jour le jour. Il quitte le Lycée d'accueil et cherche un job pour survivre mais surtout apprendre. C’est dans le travail de ses mains qu’il trouve la quiétude et perçoit qu’il peut s’en sortir. « Self made man », de maquettes pour architectes en création de lunettes pour les plus grands designers, il peaufine sa personnalité et sourit à la vie pour oublier un tant soit peu le passé. En son sein, il est rongé par un mal d’expatrié. Subir n'est pas son fort. Il veut devenir son propre patron. Artisan.
 
L’an 2000 le fait réfléchir sur des questions existentielles, son pays d’accueil, son style de vie, son identité. En manque de style et de motivation, alors il décide … de prendre son envol et revient en Asie vers son Cambodge pour conjurer sa propre histoire. Avec une idée en tête, Artisan d'Angkor. Un concept de création, une ligne de bijoux, et faire travailler ses doigts et les doigts des autres pour exprimer ce feu qui est en lui et ce feu de la forge qu’il oblige désormais à suivre ses idées et son expression. Depuis dix ans, son esprit façonne et il ne veut plus voir que le beau dans ce pays qui manque encore de dignité et qui désarçonne.
 
Un pouvoir l’habite qui mérite plus d’un détour… Porter une bague de Pisith, c’est signer avec une élégance positive sur son corps le rachat des pêchés des Maîtres de l’Enfer cambodgien. Faire du mal un bien...
 
Faire du mal un bien. Faire des matériaux un objet parlant. Faire de l'argent une lumière. Faire du feu une étincelle de plaisir. Tout un programme. Toute une collection, sans cesse renouvelée ; tous les mois il crée, pour elle, pour lui… 
 
Ses bijoux racontent chaque pas de son histoire. Un destin. Une entreprise. Jusqu’où ira-t-il ?
 
Jusqu'à l'avenir sans doute. Même s'il doute parfois, ici et là.